« Pendant deux journées très denses, qui englobaient des temps de représentation de sept des spectacles de la Biennale, des temps de débat, des temps de présentation de projets en gestation (« Donner du temps au temps »), trois thèmes principaux de réflexion ont été abordés :
– De quelle manière sont pensés et mis en œuvre de nouveaux dispositifs de formation des jeunes artistes dans un esprit de coopération de l’ensemble des acteurs de la petite enfance ?
– Quels sont les impacts de ces dispositifs sur la création ? Quels sont les différents types de relation du créateur avec l’enfant récepteur ?
– Quels regards posent les chercheurs universitaires et les artistes sur les sens constitutifs de l’éveil au monde du tout-petit (son, geste, image) ?
Cette année, le théâtre de la petite enfance a témoigné, malgré un contexte sociétal tendu, d’une capacité d’invention et de recherche qui repose sur les liens toujours plus étroits entre pratiques artistiques, culture et petite enfance.
La première journée a débuté par le rappel de la signature du protocole interministériel du 21 mars 2017, qui affirme la volonté de mettre en place et de développer un volet « éveil culturel et artistique » dans la politique ministérielle d’accueil du jeune enfant, ainsi qu’un volet « petite enfance » dans la politique d’éducation artistique et culturelle du Ministère de la Culture et de la Communication. Ce protocole implique une coopération entre élus locaux, professionnels du spectacle vivant, personnels de la petite enfance, parents et enfants. Dans ce contexte transversal, sont inventés de nouveaux dispositifs de formation qui créent les conditions nécessaires (immersion en crèches, temps d’expérimentation, accompagnement par des metteurs en scène, des universitaires, rencontres et échanges de pratiques avec les acteurs du secteur, …) pour que les artistes puissent poursuivre leur recherche au contact des tout-petits et des personnels de la Petite Enfance.
Deux de ces projets ont été présentés : le Programme ERASMUS + Art et petite enfance et le Dispositif d’accompagnement à la création initié par le Lab à Dijon.
L’axe de réflexion centrale et complexe qui a occupé les temps de débat de la première journée a interrogé, selon différents points de vue, la manière dont l’enfant, récepteur mystérieux, devient le champ d’expérience du créateur jusqu’à se transformer en co-dramaturge, en « crash test » ou en maître à part entière du jeu.
D’un commun accord, il a été reconnu que ces nouveaux dispositifs transversaux de formation favorisent l’échange de pratiques entre artistes, enfants et personnels de la petite enfance et ont un impact très fort sur la création artistique. Grâce à des temps d’observation, d’expérimentation et de rencontres avec les différents acteurs des dispositifs, l’apprentissage des artistes est permanent et oblige à accepter l’imprévisibilité, l’échec, la remise en cause et les différences. »
Synthèse rédigée par Dominique Duthuit – Journaliste culture et jeune public
Forum modéré par Anne Quentin, critique dramatique et journaliste